Cette année, la Faculté de théologie fête ses 120 ans. Elle a été fondée le 5 décembre 1902 suite à la signature d’une Convention diplomatique par le Saint-Siège et l’empire allemand de Guillaume II.
A cette occasion nous avons rédigé le texte suivant dans le contexte du cours d’initiation à la recherche : « Que veut-dire étudier à la Faculté de théologie catholique quand on est séminariste ? ».
QUI SOMMES-NOUS ?
Nous sommes des séminaristes, résidents au séminaire de Strasbourg, nous venons tous d’horizons différents. Certains ont vingt ans, d’autres ont plutôt la trentaine. Certains ont une expérience professionnelle, d’autres ont fait des études supérieures, d’autres sortent juste du lycée.
Certains ont plus le goût des études que d’autres. A la Faculté nous rencontrons des personnes qui ne sont pas séminaristes: des laïcs, des jeunes femmes et hommes qui veulent enrichir leur foi mais aussi des retraités. Cela nous permet de créer des liens et d’échanger avec un public plus large.
QUELLES MATIÈRES ÉTUDIONS-NOUS ?
Beaucoup de gens nous demandent ce que nous étudions à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg. Ils croient souvent que nous n’étudions que la Bible : « Étudions-nous toute la Bible ? ».
En fait, nous n’étudions pas que la Bible. Difficile, pourtant, de répondre à cette question en donnant juste une liste des matières étudiées. En effet, si nous répondons : « philosophie, éthique, langues anciennes », tout le monde voit ce dont il s’agit. Mais si nous disons : « herméneutique, exégèse, sotériologie, eschatologie », des interrogations surgissent. Il n’est pas évident pour tous que l’herméneutique est l’art de l’interprétation des textes, que l’exégèse consiste l’étude critique des textes bibliques, que la sotériologie concerne la théologie du salut, ni que l’eschatologie renvoie aux fins dernières. D’autres questions, plus profondes, peuvent venir s’ajouter aux premières : est-il possible d’étudier la théologie, la sainte Trinité mais plus généralement aussi les dogmes et même la Bible ? S’agit-il d’une science fondée ? Ne serait-ce pas plutôt une question de croyance ? Certains d’entre nous peuvent éprouver des difficultés à s’approprier ces matières.
NOS LIEUX DE FORMATION
Nous étudions à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg, dans le Palais Universitaire. Cela s’impose dans le contexte concordataire où l’Université confère des diplômes d’État qui sont reconnus par l’Église. La Faculté de théologie catholique de Strasbourg est en effet régie par le Congrégation pour l’éducation catholique (http://www.educatio.va/content/cec/it.html, le site est disponible en anglais et en italien).
En fait, pour nous, les études se déroulent non seulement à la Faculté, mais également au séminaire, qui dépend de la Congrégation pour le clergé (http://www.clerus.va/content/clerus/fr.html). Notre formation s’organise suivant quatre axes : intellectuel, humain, pastoral et spirituel, que l’on nous invite à lier entre eux, afin de ne pas déconnecter le spirituel de l’intellectuel afin de faire de nos études aussi un lieu de prière.
Certes, à la Faculté, les enseignements développent plutôt l’axe intellectuel. Mais il incombe au séminariste de repérer dans son expérience de l’Université ce qui relève des axes humain, pastoral et spirituel. Car, comme le dit la Ratio Fundamentalis (règle de formation pour les prêtres) : « le séminariste […] est le protagoniste nécessaire et irremplaçable de sa formation » (§§ 53 et 130). La même Ratio rappelle, plus fondamentalement que « le principal de la formation sacerdotale est la Sainte Trinité qui modèle chaque séminariste » (§ 125).
QUI NOUS ENVOIE ÉTUDIER ?
C’est l’évêque et le supérieur du séminaire qui envoient les séminaristes à la Faculté de théologie. Depuis peu, chaque séminariste bénéficie d’un suivi individuel, assuré par un référent études, tuteur nommé par le séminaire, qui n’est pas forcément prêtre du séminaire. Certains d’entre nous sont boursiers de l’État. Les frais d’inscription des séminaristes non boursiers sont pris en charge par le séminaire, c’est-à-dire par le diocèse.
POURQUOI LA FACULTÉ ?
Dans l’absolu, il n’est pas obligatoire que des séminaristes fréquentent une Faculté publique. En effet, certains séminaristes d’autres diocèses n’étudient que dans le cadre de leur séminaire. Mais nous étudions à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg parce que c’est une coutume établie dans le diocèse que d’y envoyer les séminaristes. Tous les prêtres qui ont été formés dans le diocèse sont passés par là. Cela s’explique parce que la Faculté a été fondée pour les clercs. La convention de 1902 citée tantôt, qui avait pour but de germaniser le clergé, a été traduite en français en 1924 elle et lie désormais depuis cette date la République française et le Saint-Siège. La Faculté n’est entrée dans le cursus de l’Université Marc-Bloch qu’en 1984. En outre, notre fréquentation de la Faculté représente un gage de qualité pour l’évêque. Nous remettant tous au même niveau, et elle nous arme pour le ministère.
Ceci dit, la Faculté nous fournit un contenu théorique plutôt que pratique, qui ne nous suffira pas forcément sur le terrain. Par exemple, si nous devons rédiger une homélie, nous nous servirons de ce que nous avons appris en exégèse à la Faculté pour éventuellement former le squelette de notre prédication. Mais il nous reviendra de lui donner chair. D’ailleurs, nous apprenons l’art de l’homilétique au séminaire et non à la Faculté.
LE TEMPS QUE CELA NOUS PREND
Nos études à la Faculté durent cinq ans minimum (Licence + Master). Ceux qui ont fini leur Master avant d’avoir fini le séminaire, qui dure sept ans minimum, peuvent poursuivre leurs études en préparant le Diplôme Supérieur de Théologie Catholique (DSTC) ou faire d’autres études dans un autre lieu selon le domaine qu’ils veulent étudier.
Les études à l’université nous prennent une bonne moitié de notre temps, environ vingt-huit heures par semaine de cours en Licence. S’y ajoute le travail personnel. Il est parfois difficile de trouver du temps pour le travail personnel et de concilier nos deux emplois du temps : la vie au séminaire, qui comprend prière, service, études, réunions, sorties, cours de chant, etc. ; et le cursus à la Faculté, qui demande assiduité aux cours et travail personnel.
Remerciements : Nous remercions Mme Pascale Bermon, enseignante du TD de méthodologie de la recherche, d’avoir supervisé la rédaction de ce texte, notre camarade Marine et notre confrère du collège Redemptoris Mater, Camilo.
Les séminaristes de troisième année François, Matthieu, Maxime et Valentin.
Liens utiles :
(1) CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ, Le don de la vocation presbytérale. Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis, Cité du Vatican, Osservatore Romano, décembre 2016, 93 p. via http://www.clerus.va/content/dam/clerus/Ratio%20Fundamentalis/Le%20don%20de%20la%20vocation%20presbytérale.pdf, consulté le 18 novembre 2022.
(2) CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE, « Ratio Nationalis Institutionis Sacerdotalis. ‘Former des prêtres pasteurs et missionnaires » et « Ratio Studiorum » in Bulletin Officiel, numéro 67-16, février 2022, 214 p. via https://eglise.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/2/2022/04/2022_02_16_-Ratio.pdf consulté le 18 novembre 2022.
(3) SERVICE DE COMMUNICATION DU DIOCÈSE DE STRASBOURG, « Au coeur de la faculté de théologie », in Carrefours d’Alsace, septembre 2022-numéro 1103 via https://fr.calameo.com/read/000098136ea9bae9fc975, consulté le 18 novembre 2022.
(4) SERVICE DE COMMUNICATION DU DIOCÈSE DE STRASBOURG, « Le Grand Séminaire de Strasbourg », in Carrefours d’Alsace, novembre 2019-numéro 1072 via https://fr.calameo.com/read/000098136a7b6f46aa304, consulté le 18 novembre 2022.
(5) FACULTÉ DE THÉOLOGIE CATHOLIQUE DE STRASBOURG, Guide pédagogique de la Faculté de théologie catholique, m-à-j le 07/11/2022 via https://theocatho.unistra.fr/websites/theocatho/Faculte/Informations_pratiques/Guides_pedagogiques/2022-2023/221107Guide_THC_2022-2023.pdf, consulté le 18 novembre 2022.